
ActForRef
Au début un réseau informel de solidarité entre particuliers, ActForRef (Action Internationale d'Aide aux Réfugiés) est aujourd'hui devenue une association officielle selon la loi 1901. ActForRef Lyon mène des actions d'accompagnement et d'orientation des demandeurs d’asile, mais elle aide également ceux dont le statut de réfugié a déjà été reconnu, notamment en les accompagnant dans leur insertion sociale. Faute d’un budget suffisant, et sans subventions publiques, la présidente et les membres de l’association ont mis en place un réseau coopératif qui comprend leurs bénévoles, des citoyens et également des acteurs et institutions officiellement reconnues par les autorités locales, tel Forum Réfugiés (l’association agréée par la ville de Lyon pour l’accueil des demandeurs d’asile) ou le Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA).
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L’association investit largement les réseaux sociaux, dont elle se sert pour sensibiliser le public, lancer des appels aux dons, des récoltes de fonds ou encore pour solliciter des membres solidaires disposés à accueillir chez eux des demandeurs d’asile sans abri, qu’il s’agisse d’une personne, d’une famille, d’un mineur... Actuellement, le groupe Facebook de l’association est fort de plus de 1,300 membres, la plupart sont des citoyens engagés et concernés par les situations précaires des migrants et des demandeurs d’asile.
ActForRef, par la mise en place d'un réseau alternatif et coopératif, vient combler les manques de la procédure d'accueil et de demande d'asile.
Forum Réfugiés, le CADA, ActForRef et d’autres structures officielles et associations solidaires travaillent en réseau afin de combler les manques et défaillances de la procédure d’accueil et demande d’asile. En effet, les structures officiellement reconnues par la ville, du fait de leurs budgets insuffisants – en baisse constante depuis 20 ans – ne sont pas en mesure d’aller au-delà de la simple orientation administrative dans la procédure. Ainsi, dès lors qu’un demandeur d’asile ne se voit pas attribuer une place en foyer, ou s’il rencontre une difficulté dans ses démarches administratives, les travailleurs sociaux font appel à ActForRef, qui intervient alors pour trouver des solutions alternatives.
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Livrés largement à eux-mêmes dans le déroulement des démarches administrative, ActForRef accompagne donc ceux, qui, en attendant leur rendez-vous à la préfecture, la délivrance de leur récépissé ou encore leur autorisation de séjour en tant que réfugié, sont souvent confrontés à des situations difficiles et précaires.
"À cause de cet illogisme dans la procédure de demande d'asile, les personnes se précarisent à l'extrême"
Une fois la demande d’asile acceptée, les centres d’accueil et d’accompagnement agréés offrent un accompagnement limité, et qui s’avère également inadéquat pour favoriser l’intégration sociale et éventuellement professionnelle de ces personnes. Si la personne réfugiée a été jusqu’alors hébergée dans un foyer, ce dernier lui donne un délai de trois mois pour libérer sa place et pour trouver un hébergement ailleurs. Or, ce délai est souvent insuffisant pour qu’une personne étrangère – à peine intégrée à sa nouvelle vie – réussisse à réunir les documents demandés pour louer un logement ou pour trouver un travail. C’est également sur ce plan que les actions d’ActForRef, par l’activation de son réseau, viennent pallier aux manques de ces dispositifs d’accueil et d’insertion.
La procédure de demande d’asile, de par l’ordre et la priorité de démarches qu’il définit, s’avère peu adaptée à la réalité vécue par les personnes demandant l’asile; plutôt que de favoriser l’accueil et de mener vers une intégration progressive, elle semble pousser les demandeurs d’asile vers un état de précarité – dans lequel il ne se trouvaient pas forcément en arrivant.
"Une fois que leur statut de réfugié est reconnu, ils recommencent une longue période de difficultés et de précarité"
Lorsqu’il arrive sur le territoire français, un demandeur d’asile a 120 jours pour décrocher un rendez-vous lui permettant de déposer sa demande auprès de la Préfecture. Or, suite au dévoilement ce 11 janvier du futur projet du loi asile et immigration, ce délai risque de se voir raccourci à 90 jours. A Lyon, le délai moyen de ce délai s’élève à 25 jours ouvrés. En attendant ce rendez-vous, les demandeurs d’asile se retrouvent livrés à eux-mêmes en ce qui concerne leur hébergement et leur santé. Ce n’est qu’une fois qu’ils ont eu leur récépissé suite au rendez-vous de dépôt qu’ils peuvent avoir un accès aux soins ou encore être hébergés dans un foyer. Ces centres d’hébergement sont souvent saturés, et ils fonctionnent ainsi avec un système de liste d’attente où des personnes considérées comme vulnérables sont vues comme prioritaires. Ainsi, beaucoup de personnes – et notamment ceux qui ne sont pas considérés vulnérables – se retrouvent sans abri, en attendant que des places se libèrent.